L’innovation maritime, source d’emploi en Bretagne

Depuis toujours, la mer a constitué un pilier solide de l’économie bretonne. Avec plus de 2 730 kilomètres de côtes, la Bretagne dispose du plus long littoral de France. Sans surprise, la région est donc leader dans de nombreux secteurs de l’économie maritime.

Au-delà des activités historiques comme la construction navale et civile et la réparation navale, la mer est devenue une source d’innovation pour les entreprises bretonnes.

Pour Stéphanie Pédron, Directrice Générale du CEVA (Centre d’Étude et de Valorisation des Algues), le potentiel offert par les océans reste à découvrir :

“La mer reste un lieu de méconnaissance, peu exploré. Alors que 75% de la surface du globe est recouverte de mers et d’océans, seulement 5% de cette surface est connue. Entre les années 60 et 2020, seulement cinq expéditions ont eu lieu pour atteindre la fosse des Mariannes, le point le plus profond de l’océan (11 000 mètres sous la surface). À l’inverse, douze hommes ont marché sur la Lune entre 1969 et 1972. Elle est par ailleurs un laboratoire pour expérimenter et répondre aux enjeux du changement global. Elle reste également associée à une certaine « indomptabilité », au monde de l’imaginaire”.

Quelles sont les innovations issues de la mer, produites par les entreprises bretonnes ? Qui sont les acteurs majeurs de l’économie maritime en Bretagne ? Quelles sont les perspectives d’emploi et les compétences recherchées dans le secteur ?

La Bretagne, spécialiste des énergies marines renouvelables

La mer est riche en ressources insoupçonnées. Leader français dans le domaine d’avenir des énergies marines renouvelables (EMR), la Bretagne est capable de fournir plusieurs types d’énergies. Parmi elles, l’énergie marémotrice qui exploite les marées, l’énergie hydrolienne fournie par des turbines sous-marines, l’énergie houlomotrice générée par les vagues et la houle, ou encore l’énergie fournie par les éoliennes flottantes ou sous-marines.

L’exploitation de ces énergies marines renouvelables se concrétise par des projets de grande ampleur. Par exemple, l’installation d’un parc éolien, situé large de Saint-Brieuc, va mobiliser 1 500 emplois en France dont 500 en Bretagne. Deux autres parcs éoliens flottants devraient également voir le jour au large de la Bretagne sud. Au total, l’Institut France Énergies Marines (basé à Plouzané) pilote 38 projets de R&D avec un budget de 39 millions d’euros.

Selon Bretagne Ocean Power, les EMR représenteront plusieurs milliers d’emplois dans les 10 prochaines années. De nombreuses compétences d’ores et déjà recherchées sur le territoire : génie climatique, calcul de structure, technicien d’études, pilotage de projet, instrumentation en mer…

Un territoire pionnier dans les biotechnologies marines

Placée au premier rang de l’exploitation des biotechnologies marines en France, la Bretagne parvient à tirer le meilleur des molécules issues des ressources marines. Santé, cosmétique, alimentaire… Les innovations imaginées par les acteurs bretons touchent de nombreux secteurs.

Situés à Rennes, l’organisation Biotech Santé Bretagne et son réseau Capbiotek fédèrent plus de 300 organisations du domaine des biotechnologies, parmi lesquelles des entreprises et des laboratoires de recherche, pôles de compétitivité, clusters, mais aussi des centres d’innovation technologiques.

Parmi les startups bretonnes des biotechnologies marines, on peut citer Hemarina, qui a conçu le premier transporteur d’oxygène universel en s’appuyant sur les propriétés de l’hémoglobine du ver marin arénicole. BiotechMarine crée des produits et actifs cosmétiques à partir d’algues et de plantes marines. Abyss Ingredients récupère les coproduits du poisson (arêtes, peau, écailles…) pour en extraire des principes actifs naturels et les intégrer à des compléments alimentaires naturels.

Le CEVA, dirigé par Stéphanie Pédron, est un centre technique de recherche et d’innovation dans le domaine des macroalgues, des microalgues, des végétaux marins et des biotechnologies, assurant notamment le transfert des connaissances scientifiques issues du monde académique vers le domaine industriel. Les innovations réalisées par le CEVA sont très variées : cuisine moléculaire, nutrition animale ou encore développement de produits agrosourcés capables de remplacer le plastique.

Là encore, de nombreux emplois sont à pourvoir : responsable innovation, responsable de laboratoire, chargé de projets européens, technicien de laboratoire, responsable de la production…

L’innovation maritime, locomotive de l’emploi breton

Fin 2019, 70 350 personnes étaient employées dans l’économie maritime bretonne. Le nombre d’emplois liés à l’économie bleue va continuer à augmenter dans les années à venir.

Les énergies marines renouvelables et les biotechnologies ne sont en effet qu’une partie des secteurs d’avenir portés par les entreprises bretonnes. Recherche océanographique, conception de systèmes embarqués, sécurité et défense marine, filière navale, sports nautiques, environnement, transport… sont autant d’axes de développement pour l’économie bretonne.

Le territoire est soutenu par des structures majeures, à l’instar du Pôle Mer Bretagne Atlantique, un pôle de compétitivité à vocation mondiale qui soutient le développement, l’innovation et la visibilité des acteurs bretons. Jean Castex a inauguré à Plouzané en février 2021 le nouveau siège social de l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer), qui est un autre acteur majeur de la recherche et de l’innovation marine.

L’impact de la crise sanitaire reste mitigé pour l’économie maritime : “La crise a touché certains secteurs mais en a épargné d’autres, voire même a développé certaines branches. Dans la R&D en algoculture, pour ne citer que nous, nous n’avons pas été impactés par la crise sanitaire et les périodes de confinement et avons même connu une croissance. La difficulté est finalement liée à la spécificité des métiers et à une offre qui reste somme toute relative”.

Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour faire de la Bretagne une “Silicon Valley” de l’innovation maritime. Une géographie favorable, des ressources naturelles abondantes, des infrastructures à la pointe, un soutien politique et économique, une visibilité internationale des projets mis en place.

Les opportunités d’emploi pour les cadres dirigeants sont nombreuses. À cela s’ajoute l’attractivité du territoire breton en matière de cadre de vie et de mobilité.

Il n’y a donc plus de doute : l’économie bleue va croître de manière importante en Bretagne ces prochaines années et va, au fil de ses innovations, créer des milliers d’emplois dans la région.