Pourquoi la Bretagne est-elle un moteur de l'emploi numérique en France ?

En Bretagne, le numérique a le vent en poupe. Si les secteurs de l’agroalimentaire, de l’industrie et de l’aéronautique constituaient jusqu’ici les piliers de l’économie bretonne, la région embrasse désormais les nouveaux métiers du web et de l’IT.

Avec 73 000 personnes employées dans le secteur du numérique en 2019 dont 9 300 créations d’emploi la même année, la région bretonne est l’une des régions les plus actives de France dans ce domaine.

Comment la Bretagne est-elle devenue un moteur de l’emploi numérique dans l’Hexagone ? Plusieurs facteurs expliquent ce dynamisme breton.

Les 3 pôles d’excellence numérique en Bretagne

Le territoire breton dispose de trois pôles d’excellence dans le domaine du numérique. Rappelons d’abord que le minitel est né à Rennes, il y a plus de 40 ans. Depuis, les entreprises de télécoms se sont massivement implantées dans la région.

L’attrait historique de la Bretagne pour les télécoms dynamise l’économie de la région et est la source de nombreuses créations d’emplois. À titre d’exemple, sur les 16 500 salariés que compte Orange en France, 8000 sont basés en Bretagne dont 5300 au sein du bassin rennais.

La cybersécurité est la deuxième spécialité bretonne en matière de numérique. Dès 2013, l’Université de Bretagne Sud a ouvert à Vannes la première formation française d’ingénieurs en cyberdéfense. En 2014, une cinquantaine d’acteurs se sont unis à Rennes pour constituer un Pôle d’Excellence Cyber : universités, écoles, grands groupes, PME, Ministère des Armées, région Bretagne…

Cette synergie entre la recherche, la formation et les entreprises a porté ses fruits : en 2019, plus de 8000 personnes étaient employées dans le domaine de la cybersécurité en Bretagne. Depuis, les projets cyber continuent de fleurir sur le territoire : le Ministère des Armées souhaite y créer 1800 postes supplémentaires d’ici 2025, le CNRS a récemment annoncé une coopération renforcée avec la région Bretagne pour accélérer la recherche sur le sujet…

Au-delà des télécoms et de la cyber sécurité, la Bretagne compte un troisième pôle d’excellence : celui de la TV numérique. La région héberge par exemple plusieurs leaders dans le domaine de la compression vidéo à l’instar du groupe Mediakind (ex start-up Envivio qui s’est installée à Rennes après un séjour à la Silicon Valley). On peut également citer Ateme, dont le centre de R&D basé à Rennes travaille actuellement sur les problématiques liées à la 5G. Dans le domaine du streaming vidéo et des contenus numériques, Broadpeak a levé 10 millions d’euros en 2019 et recrute depuis en continu.

Si ces trois pôles d’excellence sont à l’origine d’un grand nombre d’emplois sur le territoire breton, d’autres entreprises de la région rayonnent dans le secteur du numérique à l’échelle nationale et internationale.

Les entreprises bretonnes qui rayonnent 

Très connue du grand public, l’éditeur de jeux vidéo Ubisoft est à l’origine de nombreuses franchises qui ont remporté un succès mondial : Assassin’s Creed, Rayman, Far Cry, Ghost Recon… pas moins de 11 jeux édités par Ubisoft ont dépassé les 10 millions de ventes sur la dernière génération de console. L’entreprise bretonne compte désormais plus de 18 000 salariés et des bureaux sur les cinq continents.

Dans un tout autre domaine, la startup Klaxoon, qui propose des solutions numériques pour dynamiser les réunions et faciliter le travail d’équipe en distanciel, connaît elle aussi un grand succès. Klaxoon a été récompensé par deux CES Innovation Awards en 2016 et 2017 avant de lever 50 millions de dollars en 2018 et de se faire adouber par Microsoft qui lui a décerné le titre de “meilleure application de l’année 2020”. La belle histoire continue pour la startup qui prévoit 100 recrutements supplémentaires en 2021.

Parmi les quelque 130 entreprises du domaine de la cybersécurité installées en Bretagne, des sociétés comme Squad ou Amossys font figure de référence dans la prévention des risques liés aux systèmes d’information et la lutte contre les rançongiciels, avec des clients prestigieux à l’échelle nationale. Avec son logiciel de vérification des documents d’identité à distance, AriadNext se développe sur le marché européen et s’apprête à recruter 60 collaborateurs supplémentaires à Rennes.

Dans le domaine de la santé, Hoppen propose des solutions pour booster la transformation numérique des hôpitaux : admissions en ligne, dossiers médicaux numériques, chambres connectées… l’entreprise a levé 32 millions d’euros en 2019 et s’exporte en Europe, mais aussi au Moyen-Orient.

Impossible de dresser dans cet article une liste exhaustive des pépites bretonnes qui rayonnent en France et à l’internationale. Mais une chose est sûre : malgré la crise sanitaire, les recrutements continuent et de nombreuses opportunités sont à saisir.

Une pénurie de profils techniques 

Il existe en Bretagne une forte concurrence pour attirer les talents. Beaucoup de profils sont actuellement recherchés, aussi bien du côté des ESN que des startups ou des DSI internes.

Il y a d’abord une demande de plus en plus forte dans le domaine du Big Data. Les “data scientists” sont à la fois rares et précieux et donc très convoités, tout comme les “data analysts” notamment à travers la maîtrise de technologies comme Hadoop. Beaucoup de sociétés recrutent également des ingénieurs techniques et fonctionnels autour des solutions ERP phares du marché type SAP, Microsoft, Oracle…

Les ingénieurs en développement web sont toujours aussi recherchés par les entreprises, et ce quel que soit le langage : Java, C#… Par ailleurs, les besoins en matière de cybersécurité sont également élevés.

Au-delà des compétences techniques, nombreuses sont les organisations qui recherchent des candidats ayant une bonne appréhension des enjeux sectoriels qu’il s’agisse de l’agroalimentaire ou du secteur pharmaceutique avec des objectifs de relever rapidement les défis de  l’industrie 4.0.

Un “Breizhshore” des entreprises tech ?

Si la Bretagne est devenue un tel moteur pour l’emploi numérique en France, c’est aussi parce que de nombreuses entreprises, en particulier parisiennes, y ouvrent de nouveaux bureaux :  “digital factories” ou laboratoires de R&D par exemple.

La région est attractive économiquement pour plusieurs raisons. D’abord, l’immobilier et les salaires sont forcément inférieurs à ceux des grandes métropoles, il est donc facile de s’implanter en limitant ses coûts. Par ailleurs, beaucoup de grands comptes sont installés en Bretagne ce qui facilite la prospection. La Bretagne dispose par ailleurs de très bonnes écoles d’ingénieurs ce qui facilite le recrutement de profils juniors. Enfin, les investisseurs sont également très présents sur le territoire. En 2020, les startups de Rennes Métropole-St-Malo ont ainsi levé à elles seules plus de 80 millions d’euros !

En l’espace de quelques années, la région est donc devenue une terre d’accueil des entreprises tech. Une bonne nouvelle pour les 68% de cadres qui souhaitent partir “vivre au vert” ! En 2021, le territoire breton offre donc à la fois de nombreuses opportunités IT et une qualité de vie inégalée. 

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