Quelles sont les conséquences de la démocratisation du télétravail pour les cadres ?
16 novembre 2022
L’année 2020, marquée par deux confinements successifs, a obligé les entreprises à repenser leur mode de travail pour assurer un maintien de leur activité. Dans ce contexte, le télétravail a explosé au cours des derniers mois. Même les dirigeants les plus réticents se sont vus contraints de le mettre en place au sein de leur entreprise… et beaucoup ont appris à apprécier les résultats de cette nouvelle façon de travailler.
Si en 2019, seuls 30% des cadres du privé pratiquaient le télétravail, en mai 2020, près de 80% d’entre eux y avaient recours de manière hebdomadaire et 53% télétravaillaient à plein temps.
Cette soudaine adoption massive du télétravail transforme à la fois le quotidien des cadres et aussi les entreprises qui les embauchent. Alors quelles sont les conséquences du télétravail pour les cadres et leurs entreprises ?
L’impact du télétravail sur le quotidien des cadres
Moins de parasitage, plus de concentration
Que ce soit en open-space ou dans un bureau fermé, les cadres sont sollicités à intervalles réguliers par leurs collaborateurs sur leur lieu de travail. Ces requêtes sont souvent synonyme d’une interruption qui nuit à la concentration.
En télétravail, ces sollicitations se font par email, messagerie instantanée ou téléphone : il est facile d’éteindre les notifications et de mettre son téléphone en mode avion pour se focaliser sur les missions les plus urgentes… puis de se montrer de nouveau disponible une fois les tâches importantes traitées.
58% des cadres déclarent ainsi être davantage concentrés en télétravail et 52% se sentent plus productifs… à condition de ne pas avoir d’enfant dans les parages !
L’économie du temps de trajet
Pour les cadres qui travaillent sur des volumes horaires importants, le fait de ne plus avoir à se déplacer sur le lieu de travail est une économie de temps ô combien importante ! En France, le temps de trajet moyen domicile-travail est de 37 minutes. Le télétravail économise donc à une majorité de cadres plus d’une heure à déduire de la fatigue de la journée.
La possibilité de changer de cadre de vie
83% des cadres parisiens envisagent de quitter la capitale. Un phénomène d’exode urbain que l’on retrouve dans la plupart des grandes villes françaises : grèves, pollution, qualité de vie… les cadres souhaitent se mettre au vert.
Le télétravail offre cette possibilité. De plus en plus d’entreprises donnent la possibilité à leurs salariés de travailler à 100% en télétravail, avec des déplacements au bureau à prévoir occasionnellement. Dès lors, il est possible de travailler n’importe où, à condition d’avoir une bonne connexion Internet !
Bien-sûr, cette possibilité est réservée aux cadres dont la fonction ne nécessite pas une présence sur le terrain. Difficile pour un directeur d’usine de travailler de chez lui…
Une frontière vie professionnelle / vie privée plus floue
Travailler depuis la maison peut néanmoins poser problème et flouter la séparation entre la vie professionnelle et personnelle des cadres. Ainsi, 32% de ceux qui pratiquent le télétravail déclarent rencontrer des difficultés à se déconnecter du travail et 19% ne prennent pas de vraie pause déjeuner.
Pour maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie privée, il est important d’installer son bureau dans une pièce à part, ou à défaut de créer un espace clairement séparé du reste du lieu de vie. Il convient également pour le cadre de définir auprès de son entreprise les horaires auxquels il doit être joignable, les moyens de communication, ou encore les temps de pause.
Une communication à réinventer
Les managers en situation de télétravail doivent apprendre à encadrer leur équipe à distance. De fait, les collaborateurs disposent d’une autonomie renforcée, mais il est important de communiquer régulièrement (de préférence en visioconférence), à la fois de manière collective et individuelle, formelle et informelle.
Il est primordial de communiquer quotidiennement, de façon transparente, claire et concise, tout en étant à l’écoute des autres. La démocratisation du télétravail oblige donc les cadres à réinventer la collaboration et la communication au sein de leur entreprise. Le choix des outils numériques (reporting, brainstorming…) joue à ce titre un rôle crucial.
Une perte de lien social et de créativité ?
Beaucoup de cadres puisent de l’énergie et trouvent de l’inspiration au contact des autres, que ce soit dans un contexte formel ou informel. Le confinement et le télétravail imposé peuvent constituer, pour certaines personnes, une source d’angoisse et d’isolement. Il est donc impératif pour les entreprises de s’assurer du bien-être de leurs salariés, d’être à l’écoute, et éventuellement de leur proposer un accompagnement pour les aider à faire face à ces difficultés.
Au-delà du lien social, la distance peut également brider la créativité des cadres. Pour entretenir les moments collectifs d’émulation intellectuelle, il sera néanmoins possible de s’appuyer sur les outils numériques appropriés : brainstorming en ligne, tableau blanc virtuel etc.
Les conséquences du télétravail pour les entreprises
Une nouvelle norme à adopter
Qu’on se le dise : le télétravail est désormais devenu une nouvelle norme, même hors période de confinement. Chez Theodore Search, nous avons constaté dans le cadre de nos chasses de tête que chez les talents de certains secteurs d’activité (l’IT notamment), le sujet du télétravail figure systématiquement parmi les premières questions posées.
Rien d’étonnant quand on sait que 70% des cadres ont souhaité poursuivre le télétravail suite au premier déconfinement. Ainsi, les entreprises qui ne proposent pas un minimum de télétravail se privent d’une grande partie des profils à l’écoute du marché.
Une opportunité pour mieux recruter
Certaines entreprises font le choix de proposer 100% de télétravail sur des postes qui ne nécessitent pas une présence opérationnelle. Ainsi, au moment de recruter, elles peuvent élargir leur spectre de candidats à l’échelle nationale, voire internationale.
De cette façon, les entreprises qui embrassent pleinement le télétravail attirent et recrutent beaucoup plus facilement les profils de très haut niveau où qu’ils se trouvent.
Des économies en matière de locaux
En encourageant le télétravail, les entreprises libèrent de l’espace dans leurs locaux. Elles n’accueillent plus que les collaborateurs dont la présence au bureau est indispensable et les salariés qui préfèrent le bureau au télétravail. Il devient donc possible de réaliser des économies immobilières en optant pour un bureau plus petit ou en louant l’espace libéré.
Certaines entreprises ont fait le choix de supprimer totalement le bureau et d’imposer le télétravail à la totalité de leur effectif. Un choix radical, qui reste encore très marginal.
Des problématiques d’équipement et de sécurité
L’entreprise se doit de fournir à chaque télétravailleur les outils nécessaires à l’exercice de ses fonctions : PC portable, téléphone mobile professionnel, écran, solution de stockage et de partage de fichiers dans le cloud… elle doit donc se constituer un parc informatique performant et choisir les solutions IT adaptées. Cela représente un coût non négligeable.
Il convient par ailleurs d’assurer la sécurité de chaque appareil et de ses données. Là encore, un investissement logiciel est à prévoir. Chaque télétravailleur doit par ailleurs être sensibilisé à la sécurité numérique et à la prévention des risques informatiques.
Faire vivre la culture d’entreprise
L’un des plus grands défis du télétravail est de continuer à faire vivre la culture d’entreprise malgré la distance. Cela implique de repenser l’intégration des nouveaux collaborateurs en leur proposant d’effectuer des “coffee call” avec des membres de différentes équipes, ou d’organiser ponctuellement des temps forts en ligne ou en présentiel.
Si le télétravail reste néanmoins inaccessible à certaines fonctions et secteurs d’activité, il fait néanmoins partie intégrante du quotidien de la majeure partie des cadres et semble parti pour s’installer durablement. Le télétravail présente des avantages et des inconvénients, à l’échelle de l’individu comme à celle de l’organisation. Dans la plupart des cas, le télétravail partiel – à raison d’une à deux journées travaillées depuis la maison par semaine – est la formule qui séduit le plus les cadres français.